Savoir perdre du temps pour en gagner.
Comme toutes les techniques de pêche, il faut avant tout savoir perdre du temps pour pouvoir en gagner par la suite! Les techniques pour acquérir les connaissances suffisantes d’un plan d’eau sont simples: consulter, observer, discuter, questionner.
Cet article vient en complément de ma page déjà existante qui traite de la pêche au coup en général. Avant de sauter dans la voiture ou de partir à pied, allons déjà faire un tour sur internet: beaucoup de fédérations sont désormais inscrites sur Geopeche, cela permet de bien visualiser le potentiel d’une région. En fonction de votre lieu de pêche souhaité, allez ensuite sur le site de la fédération départementale de pêche, elles ont toutes un site officiel que vous trouverez facilement ici.
Que cherchez-vous?
Choisir un plan d’eau c’est avant tout s’assurer de plusieurs choses. Et ce sont ces informations qu’il faut trouver pour pouvoir décider!
Le plan d’eau est ouvert à la pêche.
Aussi évident que cela puisse paraître, nous pêchons dans la légalité. En eaux publiques avec la carte adéquate, en eaux privées avec les autorisations nécessaires.
Le plan d’eau est pêchable.
Il ne l’est pas si les conditions de pêche ne sont pas réunies : accessibilité, profondeur, encombrement, saison.
Le peuplement de poissons mérite notre attention.
Ce renseignement mérite de recouper vos différentes infos collectées via internet ou sur le terrain. Certains sites vantent le cheptel de plans d’eau mais ne sont pas très à jour. Les pêcheurs qui pratiquent le plan d’eau peuvent soit être avares d’informations (plutôt bon signe!), soit vous raconter un tas de choses quasi invérifiables. Votre observation du plan d’eau est donc essentielle. Une paire de jumelles peut être d’une grande utilité même pour observer la surface de l’eau à 30 mètres. Une eau trouble témoigne de la présence de carpes mais aussi un fond meuble et une eau peu profonde. Des trainées de bulles à la surface ne trahissent pas systématiquement la présence de carpes; les brèmes et les tanches font de même. Mais au moins, on sait qu’il y a des poissons qui fouillent le fond!
Sonder le fond
Vous pouvez aussi avoir une canne et un plomb avec vous. Un moulinet garni de tresse vous permettra de vous faire une idée de la profondeur et de la densité du fond. La tresse est en effet plus parlante, il suffit de la tenir entre vos doigts. Lorsque le plomb touche le fond, si sa chute s’arrête net, le fond est dur, si ça s’arrête progressivement, c’est que le fond est mou ou herbeux. Faites plusieurs lancers pour bien »visualiser » le fond.
Le taux de fréquentation du plan d’eau
Il conditionne le comportement des poissons. Nous utilisons souvent les termes de « poissons éduqués ». Il faut comprendre ici que ce sont des réflexes conditionnés qui se mettent en place mais ceci n’est pas systématique. La preuve en est avec des poissons qui sont pris plusieurs fois pendant la saison et au cours des ans. S’ils se font piéger plusieurs fois, c’est que leur éducation est imparfaite. Il faut rapporter cela aux chances infimes de tomber plusieurs fois au bon endroit, avec le bon appât au bon moment avec le même poisson! Un plan d’eau sur-pêché peut pousser les poissons à se nourrir en dehors des créneaux habituels (la nuit?) et stationner dans des zones plus tranquilles (dans des arbres morts immergés par exemple).
Tout ça pour quoi?
Maintenant nous avons des infos pertinentes. Nous avons choisi un plan d’eau qui semble prometteur. Le plus facile reste à faire: il faut pêcher!
Pour cibler les plus beaux poissons, j’ai tendance à utiliser la technique du method feeder. Même avec un dispositif medium ou small, on arrive à de bons résultats. Je parle ici de pêche en plan d’eau, pas en cours d’eau.
Après avoir choisi ma zone d’installation et ma zone de pêche, je commence ma session par un amorçage en utilisant ma ligne montée sans hameçon. Je garnis le plomb de pellets (pour une période de début de printemps à automne). J’effectue 10 à 12 lancers dans une zone aussi limitée que possible. Je ferre deux fois à la suite afin que les pellets se décrochent du plomb. Les pellets que j’utilise sont à base d’huile de poisson, leur pouvoir attractif est élevé. Inutile de gaspiller, d’autant que plus vous lancez, plus vous risquez d’éparpiller la zone. Pour la phase d’amorçage, il m’arrive de passer le fil dans le line clip, le petit ergot sur la bobine du moulinet. Ainsi je vais toujours lancer l’amorce à la même distance.
La distance de lancer: il n’y a aucun nécessité à chercher l’autre côté du plan d’eau! Je pêche le plus souvent entre 25 et 40 mètres. Les fonds entre 1,50 et 3 mètres ont ma préférence. Je ne pêche pas trop près des postes encombrés, mon montage ne me permet pas de brider les poissons.
Quelques conseils en action de pêche.
Je n’utilise jamais le line clip (ce petit ergot en plastique situé sur le côté de la bobine) pour les actions de pêche! Ceci est bien trop risqué si un gros poisson est ferré car le fil ne pourra pas sortir du moulinet. Pour lancer à la bonne distance, je prends un repère sur l’eau = une ombre sur la surface de l’eau et je la vise. Si la météo ou le plan d’eau ne le permet pas, je plante au sol deux piquets espacés de 5 mètres. Si je pêche par exemple à 35 mètres, je pose mon method feeder au pied d’un des piquets, puis je fais 7 longueurs entre les deux piquets avant de bloquer le fil avec le line clip. Dès que j’ai lancé, je libère le fil du line clip. Je répète l’opération à chaque lancer sans perdre trop de temps mais en gagnant en précision!
Après avoir amorcé, je mets en place ma ligne en positionnant la canne sur des supports adaptés et quasi parallèle à la rive afin que la ligne et la canne forment un angle proche des 90 degrés. Le scion de la canne est légèrement courbé (par l’action de la ligne tendue) afin de déceler une éventuelle touche de retour (le fil se détend et entraîne le relâchement du scion). Quand je suis en place, je ne desserre pas le frein de mon moulinet. Mais attention! Si je dois m’éloigner de la canne, même 30 secondes, je desserre le moulinet. Il ne faut pas tenter le diable, un départ violent et la canne complète sera à l’eau!
Il faudra peut-être attendre un peu avant d’avoir la première touche mais il faut y croire et rester attentif. Je relance un peu au feeling. Après quelques minutes pour me rassurer et voir que je n’ai pas lancé dans de la vase épaisse (le feeder est couvert de vase) ou dans des algues. Sinon, il faut attendre. Hormis en fishery, les beaux poissons ne se jettent pas sur les appâts, ils prennent leur temps. Je ne remonte donc pas avant 30 minutes.
La touche au method feeder
Une touche au method feeder se caractérise par une tirée plus ou moins violente sur le scion ou un relâchement de la ligne.
Une belle carpe peut partir avec l’hameçon dans la gueule sans rush. En effet, la faible résistance de l’incite pas à sprinter. Mais elle peut aussi faire un vrai départ! La vitesse d’une carpe peut atteindre 14km/h. J’ai coutume de dire que si vous pouvez nager à plus de 14km/h, alors vous pouvez laisser votre canne sans surveillance…
La touche qui se manifeste par un relâchement de la ligne, et donc du scion, est bien souvent le fait d’une brème. Mais il n’y a pas de règle, alors prudence. Saisissez votre canne et moulinez canne haute pour de suite rechercher le contact avec le poisson.
Voici un exemple de touche. Une carpe de 5kg prend le dumbell dissimulé parmi les pellets, cliquez pour suivre ce lien : https://www.youtube.com/shorts/VPsur7ZdsHo?feature=share .
Un bilan plutôt sympathique : https://youtu.be/nUKCAFyW3bI
Un jeune spécimen qui pourra devenir un poisson trophée : https://youtu.be/jV-B9tAN0zc
Conclusion
Je ne prétends bien sûr pas vous donner ici toutes les clés de la réussite de la pêche au method feeder. Je n’ai pas abordé les montages, les nœuds, les accessoires, les cannes. Le but est de vous donner envie de vous lancer si vous n’avez pas encore pratiqué cette technique ou de chercher à vous améliorer si vous pratiquez déjà. N’hésitez pas à me contacter si vous voulez passer quelques heures avec moi au bord de l’eau! A bientôt.